Introduction par Tom Engelhardt 19 mai 2020.
Traaduit de l’américain par Jean Granoux
Nous sommes dans un moment religieux étrangement viral. Récemment encore, une Maison Blanche dans laquelle peu de choses, y compris la mort d’Américains, comptent plus que le soutien des évangélicaux, a rejeté les directives initiales préparées par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour la « réouverture » de l’Amérique. Pour une raison majeure : parce que ces évangélicaux pourraient imaginer que ces directives empiètent sur leur « liberté religieuse »! Ces lignes directrices encourageaient les églises à commencer par s’assurer que tous les fidèles portent des ”masques en tissu à l’intérieur du bâtiment”, qu’elles offraient des options de streaming vidéo ou de drive-in pour les offices, et qu’elles envisagent de ”suspendre le recours à un chœur ou à un ensemble musical”. Elles suggéraient également que les églises envisagent de ”limiter temporairement le partage d’objets fréquemment tenus en mains”, y compris les recueils d’hymnes, les livres de prières et les corbeilles pour la quête.
Selon le New York Times, plusieurs agences fédérales ont examiné ces directives et les ont trouvées « trop contraignantes pour les lieux de culte ». Comment ça, des cérémonies évangélicales sans chœurs? Qui pourrait l’imaginer, étant donné la liberté de religion? Oubliez que la répétition d’une chorale d’église à Mount Vernon, Washington, à laquelle 61 chanteurs étaient présents, ”dont un qui luttait contre des symptômes procjes durhume depuis quelques jours”, a laissé 53 d’entre eux atteints de la Covid-19 et a entrîné la mort de deux d’entre eux. Et pas de corbeilles pour la quête! Mais alors, d’où proviendra le salaire du pasteur?
Oh, attendez, dans le cadre de l’initiative de sauvetage Covid-19 parrainée par les républicains, l’administration Trump s’est occupée de cela. Parmi les mains utiles offertes (en particulier aux grandes entreprises), cette loi aidait également à payer les salaires des pasteurs et les factures d’éclairage et de chauffage des églises. Le président Trump lui-même a ”fait en sorte” que cela fasse partie de la législation, car les églises n’organisaient pas de services et ne recevaient pas leurs offrandes hebdomadaires habituelles des paroissiens. Comme l’a dit le vice-président Mike Pence lors d’une téléconférence avec des pasteurs, « il y a une partie de ces revenus qui, en raison des habitudes et des pratiques des gens, est perdue.»
En effet! Quelque contestable que l’idée même d’un gouvernement américain qui paie les pasteurs (je ne sais plus comment cela cadre avec la séparation de l’Église et de l’État), ce n’est qu’une bizarrerie passagère dans un monde de plus en plus bizarre. Comme le souligne Juan Cole, nous avons maintenant en tête une Maison Blanche fondamentaliste qui a – malgré son retrait de l’accord nucléaire JPOA, ses sanctions, ses assassinats par drones et ses menaces militaires – quelque chose d’étrangement ressemblant au régime fondamentaliste de l’Iran. Un tel aperçu unique est typique de Cole, dont je lis religieusement le Informed Comment – si je peux utiliser un tel mot dans ce contexte – tous les jours (et oui, il en publie un nouveau quotidiennement, un miracle en soi). Aujourd’hui, il place la nature fondamentaliste à la fois de l’administration Trump et du gouvernement actuel de l’Iran dans le contexte du plus célèbre de tous les livres de poèmes persans, les Rubáiyát d’Omar Khayyam, dont il vient de produire (comme vous l’apprendrez en lisant son texte) une nouvelle traduction. Je prévois de m’en procurer un exemplaire. Vous devriez en faire autant. Tom
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Pandémies fondamentalistes : ce que les évangélicaux1 pourraient apprendre des Rubáiyát d’Omar Khayyam
par Juan Cole
Ce printemps, la nouvelle pandémie de coronavirus a soulevé la question de la relation entre le genre le plus aveugle de foi religieuse et le scepticisme rationnel – cette fois dans deux pays qui se considèrent comme des ennemis diamétralement opposés : l’Iran du Chef Suprême Ali Khameini et l’Amérique de Donald Trump.
Du côté américain, Tony Spell, un pasteur de la Nouvelle-Orléans, a par exemple été arrêté à deux reprises pour avoir organisé des services religieux sans la moindre distanciation physique (ex-sociale), malgré l’interdiction de tels rassemblements. Sa deuxième arrestation est liée au fait d’avoir prêché alors qu’il portait un moniteur de cheville2 et malgré la mort liée à la Covid-19 d’au moins un des membres de son église.
La publication en 1859 de la célèbre Origine des espèces de Charles Darwin, faisant valoir comme elle l’a fait la sélection naturelle (que de nombreux évangélicaux américains rejettent encore), pourrait être considérée comme le point d’origine du conflit moderne entre les croyances religieuses et la science, un conflit qui a puissamment façonné notre culture. De manière inattendue, compte tenu de la réputation de l’Iran en matière d’obscurantisme religieux, les esprits scientifques des XIXe et XXe siècles ont souvent pris le cœur d’un recueil de poèmes persans, leS Rubáiyát ou « quatrains », attribuéS à l’astronome iranien médiéval Omar Khayyam, décédé en 1131.
La traduction libre de ces poèmes, également publiée en 1859, a défni Khayyam comme un libre-penseur musulman médiéval et elle a fait sensation pendant un siècle et demi au long des débats houleux sur la relation entre science et foi en Occident. L’athée avoué Clarence Darrow, le célèbre avocat de la défense lors du « procès des singes » de 1925 d’un éducateur du Tennessee qui avait enfreint la loi de l’État en enseignant l’évolution, était typique de son amour des Rubáiyát. Il les a souvent cités dans ses plaidoiries fnales, observant que pour Khayyam les « mysticismes de la philosophie et de la religion étaient les uns et les autres creux et nus ».
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1 J’utilise le néologisme évangélical, évangélicaux pour désigner les evangelical américains. Il me semble que ces protestants conservateurs n’agissent et ne parlent pas toujours conformément à la notion courante de parole évangélique. Un exemple : traduire le prosperity gospel, un concept assez familier chez les évangélicaux, par l’évangile de la prospérité ??? ne correspond guère à la réalité. Ce néologisme (ou ce hapax) dépourvu de sens théologique, n’a pour but que de marquer le caractère sociologique distinctif de l’évangélicalisme américain.
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2 moniteur de cheville Ankle monitors are electronic devices that are tethered around your ankle. They are designed to be tamper-resistant and must be worn at all times. Équivalent du bracelet électronique
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Pour être honnête, certains chefs religieux, dont le pape François et le grand ayatollah irakien Ali Sistani, ont suivi la science la plus récente, alors que la Covid-19 se répandait dans le monde, en soutenant des mesures de distanciation physique (ex-sociale) pour lutter contre le virus. Quand il s’appelait encore Jorge Mario Bergoglio et qu’il vivait à Buenos Aires, le pape a obtenu un diplôme de technicien en chimie au lycée et il est à un bon niveau sur la science. En effet, l’Église catholique du Brésil a respecté de manière impressionnante les directives de l’Organisation mondiale de la santé pour faire face à la pandémie de la Covid-19, défant le gouvernement laïc du populiste d’extrême droite Jair Bolsonaro, le Donald Trump local. Le président du Brésil a notoirement ignoré la crise de santé publique de son pays, a qualifé le coronavirus de « petite grippe » et a tenté d’exempter les églises des décisions de fermeture prises par le gouvernement de l’État. L’archevêque de la ville durement touchée de Manaus, en Amazonie, s’est en fait plaint publiquement que les Brésiliens ne prennent pas le virus suffsamment au sérieux alors qu’il sévit dans le pays. Les autorités ecclésiastiques s’inquiètent de la pression exercée par l’inaction du gouvernement sur les hôpitaux et les cliniques catholiques, ainsi que des ravages que la maladie fait dans la région.
Ici, nous assistons non pas à un différend entre religion et science, mais entre variétés de religion. Le catholicisme du pape François reste ouvert à la science, tandis que Bolsonaro, bien que né catholique, est devenu évangélical et, en 2016, il a même été baptisé pasteur3 dans le Jourdain. Il en joue désormais avec les 22% de Brésiliens qui ont adopté le protestantisme conservateur, ainsi qu’avec les catholiques qui sont sensiblement plus conservateurs que le pape actuel. Alors que certains évangélicaux américains sont ouverts à la science, un sondage du Pew Charitable Trust a révélé qu’ils sont également beaucoup plus susceptibles que les non-religieux de rejeter l’idée même d’évolution, sans parler des résultats des recherches des climatologues (une action que le pape François a largement soutenue).
La mort dans la Bible Belt4
Aux États-Unis, divers chefs religieux évangéliques ont échoué de manière scandaleuse à l’épreuve d’une politique publique raisonnée. Le pasteur Rodney Howard- Browne, au mépris d’un « gouvernement tyrannique », a refusé de fermer sa méga-église en Floride jusqu’à ce que la police locale l’arrête en mars. Il a même insisté sur le fait que les membres de l’église dans ces services de 500 vrais croyants ou plus devraient continuer à se serrer la main parce que « nous réunissons des revivalistes, pas des pédés ».
À son avis, son église de la rivière Tampa Bay était « l’endroit le plus sûr » alentour parce que c’était le lieu du « salut ». Ce n’est qu’au début du mois d’avril qu’il a fnalement tenu ses offces en ligne et ce n’était probablement pas pour protéger la santé
3 https://www.theatlantic.com/international/archive/2018/01/the-evangelical-takeover-of-brazilian-politics/551423/ 4 Une note courte et précise en français sur https://frenchmorning.com/y-a-t-bible-belt/
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de sa congrégation. Sa compagnie d’assurance avait annulé le contrat après son arrestation et devant son mépris constant des réglementations locales.
Le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a encore brouillé les cartes au début du mois d’avril en émettant fnalement un ordre de confnement à l’échelle de l’État qui exemptait les églises en tant que « services essentiels ». Puis, après seulement un mois, de toute façon il a réouvert brusquement l’Etat. DeSantis, qui avait dirigé un groupe Facebook dominé par des commentaires racistes et qui avait fait carrière en collant aux basques de Donald Trump, est l’élu d’une circonscription évangélicale importante et, dans leurs actions, lui et le pasteur Howard-Browne ne sont guère isolés.
Cela dit tout ce qu’on doit savoir : au début du mois de mai, plus de 30 pasteurs évangélicaux étaient morts de Covid-19 à travers la Bible Belt.
Deux épicentres de la pandémie
Dans l’équivalent musulman de la Bible Belt, le chef religieux iranien, Ali Khamenei, a cessé de serrer la main et a limité les visites à son bureau au début de février, mais il a laissé partir les commémorations de masse du 41e anniversaire de la fondation de la République islamique. avant sans entrave. Puis, le 24 février, il a également autorisé les élections législatives nationales à espérer intégrer encore plus de ses partisans fondamentalistes purs et durs – l’équivalent des évangéliques américains – dans la législature iranienne. Pendant ce temps, ses autres chefs religieux ont continué de résister aux fortes mesures d’atténuation de Covid-19 jusqu’à fn mars, alors même que le pays était assiégé par le virus. Le vice-ministre de la Santé, Iraj Harirchi, a pris l’esprit du moment en rejetant les mesures de distanciation sociale en février tout en minimisant la gravité de l’épidémie dans son pays, pour contracter Covid-19 lui-même et en mourir.
Le virus a initialement explosé dans la ville sainte de Qom, qui aurait été colonisée au VIIIe siècle par les descendants du prophète Mahomet.Elle regorge d’une myriade de séminaires religieux et possède un sanctuaire célèbre pour l’une de ces descendantes, Fatima Masoumeh. Fin février, même après que les responsables gouvernementaux ont commencé à demander la fermeture du sanctuaire, les membres du clergé chargés du gardiennage ont continué à appeler les pèlerins à le visiter. Ces pèlerins touchent généralement le treillis de laiton autour du tombeau de Fatima Masoumeh et l’embrassent parfois, une méthode classique pour transmettre la maladie. Ses gardiens (comme ces pasteurs évangéliques américains) continuaient de croire que la sainteté du sanctuaire protégerait les pèlerins. Ils se peut qu’ils se soient aussi inquiétés de la perte de leurs revenus si des pèlerins du monde entier cessaient de se présenter.
Bien qu’il ait un gouvernement théocratique dans lequel les religieux exercent un pouvoir disproportionné, l’Iran possède également une importante et puissante communauté de scientifques et d’ingénieurs qui regarde le monde différemment, même
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si certains d’entre eux sont également des musulmans chiites pieux. En fn de compte, alors que le virus s’est emparé du pays et que les décès ont augmenté, les scientifques ont brièvement gagné et le gouvernement du président Hassan Rouhani a mis en place des mesures de distanciation physique pour le public, y compris l’annulation des prières du vendredi et la fermeture des sanctuaires en mars, cependant – tout comme en Floride – ces mesures n’ont pas duré longtemps.
De cette façon, tout comme les États-Unis ont émergé comme l’épicentre mondial de la pandémie, l’Iran a émergé comme celui du Moyen-Orient. Appelez cela une curieuse ironie d’affnité. La superstition n’était qu’une partie du problème. Le ministre des Affaires étrangères Javad Zarif a porté le blâme pour la médiocre réponse du gouvernement sur les sanctions de l’administration Trump et sur le blocus fnancier du pays, car les Iraniens ont même eu du mal à payer les équipements médicaux importés dont les respirateurs dont ils avaient tant besoin. En effet, le gouvernement américain a également fait exclure l’Iran des échanges bancaires mondiaux et a menacé les pays tiers de sanctions face à toute entreprise faisant affaire avec l’Iran.
Le président Trump, cependant, a nié que les États-Unis aient bloqué les importations de produits médicaux dans ce pays, une déclaration qui était techniquement exacte, mais fausse dans tout autre sens. La gamme complète des sanctions américaines avait en effet érigé une formidable barrière à l’importation par l’Iran de matériel médical, malgré les tentatives de l’Union européenne (qui s’oppose à la campagne de pression maximale de Trump contre l’Iran) de permettre aux entreprises de vendre des fournitures médicales à Téhéran.
Pourtant, comme dans le cas des politiques de Trump aux États-Unis (notamment en ignorant pratiquement le virus pendant des mois), la politique du gouvernement iranien doit être tenue pour responsable de l’échec de la lutte contre la marée du coronavirus, qui, au début du mois de mai, avait entraîné plus de 100 000 cas et quelque 7 000 décès (des chiffres offciels qui, au fnal, seront sans doute des sous-estimations importantes).
Un monde de Rubáiyát
Que ce soit en Amérique ou en Iran, la religion fondamentaliste (ou, dans le cas des États-Unis, une envie Trumpienne et Républicaine de susciter ses faveurs) a souvent conduit à une politique publique terriblement mauvaise pendant la première vague de la Covid-19. Entre autres choses, elle a encouragé les gens, que ce soit dans les institutions religieuses des deux pays ou dans les manifestations anti-lockdown américaines, à adopter un comportement imprudent qui mettait en danger non seulement eux-mêmes mais aussi les autres. Ironiquement, le conflit dans chaque pays entre les pasteurs ou mollahs et les scientifques provocateurs sur cette question devrait faire penser aux guerres culturelles du début du XXe siècle et à la place de la poésie iranienne des Rubáiyát d’Omar Khayyam dans ce qui était alors en grande partie un débat occidental. .
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Cela rend ces poèmes dignes de réexamen en ce moment périlleux qui est le nôtre. Comme je l’ai écrit dans l’introduction de ma nouvelle traduction des Rubáiyát :
« Le message des poèmes … est que la vie n’a pas de signifcation évidente et qu’elle est cruellement courte. La mort est proche et nous pourrions ne pas vivre le temps d’expirer le souffle que nous venons de respirer. L’au-delà est un conte de fées pour les enfants … La seule façon de surmonter cette injustice existentielle est de profter de la vie, d’aimer quelqu’un et de devenir familier du bon vin. D’un autre côté, il n’y a aucune raison d’être mesquin envers les autres. »
Une partie de l’attrait de cette poésie pour des millions de personnes est venue de la faible vision qu’elle avait alors (comme aujourd’hui) de l’obscurantisme religieux robuste. L’irrévérencieux Mark Twain s’est un jour émerveillé: «Aucun poème ne m’avait donné autant de plaisir auparavant … C’est le seul poème que j’aie jamais porté sur moi ; il ne m’a pas quitté depuis 28 ans. » Thomas Hardy, le romancier et champion britannique de Darwin, a tissé ses thèmes dans certaines de ses fctions les plus connues. Robert Frost a écrit son célèbre poème (et tristement célèbre) « Stopping by the Woods on a Snowy Night Arrêt dans les bois lors d’une nuit enneigée » avec les quatrains de Khayyam à l’esprit. Le poète Beat Jack Kerouac a modelé Sal Paradise, le protagoniste non conventionnel de son roman Sur la Route (On the Road), sur son idée de ce qu’aurait pu être Khayyam.
Bien que les compilateurs aient toujours attribué ces poèmes au grand astronome et mathématicien de l’ère seldjoukide, il est clair qu’ils ont en fait été écrits par des fgures iraniennes ultérieures qui ont utilisé Khayyam comme « auteur-cadre »5, peut-être par crainte d’une réaction au scepticisme religieux profondément ancré dans la poésie (de la même manière que les contes des Mille et Une Nuits composés au Caire, Alep et Bagdad au cours des siècles ont tous été attribués à Shéhérazade). La plupart de ces versets sont apparus pour la première fois au moment de l’invasion par les Mongols de l’Iran dans les années 1200, une période sanglante qui a plongé la région dans la tourmente et la paralysie, tout comme la Covid-19 a plongé notre monde dans un halte brusque et chaotique.
Comme si la destruction urbaine par la guerre et les tas de crânes n’étaient pas suffsants, les historiens ont fait valoir que les Mongols, qui ont ouvert des routes commerciales de l’Asie vers le Moyen-Orient, ont également facilité par inadvertance la
5“frame author,” auteur cadre ou auteur égide. Je n’ai pas trouvé de traduction satisfaisante.
frame Story : histoire à tiroirs. (trad; approximative) Dans le roman de Conrad, Heart of Darkness, il y a deux narrateurs: (1) le passager anonyme voyageant sur un bateau de plaisance, écoutant l’histoire de Marlowe; et (2) Marlowe lui-même. Le premier narrateur, au nom de quatre autres passagers, utilise la première personne du pluriel. Marlowe, d’autre part, raconte son histoire à la première personne, décrivant tout ce qu’il a vu et vécu. Cela fournit un commentaire sur toute l’histoire, agissant comme une histoire cadre.Frame Story. Cette technique littéraire utilise des récits intégrés, qui fournissent aux lecteurs un contexte sur le récit principal. L’histoire du cadre conduit les lecteurs de la première histoire à l’autre. Il s’agit d’une sorte de guide, qui établit le contexte d’un récit intégré, aidant l’écrivain à créer un contexte pour interpréter un récit. Il offre également de multiples perspectives aux lecteurs dans une histoire, ainsi que sur l’histoire. Ces multiples perspectives donnent aux lecteurs plus d’informations sur les personnages concernant leurs sentiments, leurs pensées et leurs motivations d’après https://literarydevices.net/frame-story/
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propagation vers l’ouest du bacille de Yersina pestis qui allait causer la peste bubonique, ou peste noire, une pandémie qui anéantirait près de la moitié de la population chinoise et un tiers de la population européenne.
C’est un scribe du XVe siècle dans la pittoresque ville iranienne de Chiraz qui allait créer en fait la première anthologie de quatrains intitulée Les Rubáiyát d’Omar Khayyam, dont beaucoup ont été composées pendant la domination mongole et la pandémie qui a suivi. Les dangers de ce que nous appellerions maintenant l’intégrisme religieux, par opposition à une spiritualité éclairée, ont été énoncés à travers ces poèmes :
Dans les monastères, les temples et les retraites,
ils craignent les feux de l’enfer et recherchent le paradis.
Mais ceux qui connaissent les mystères de Dieu
ne laissent pas ces graines se planter dans leur cœur.
26-Bodl I 24 Bodl II notation Christensen Dèr somâê ou medressê.6
Alors que certains se tournent vers la théologie pour se réconforter lors d’une catastrophe, ces quatrains exhortent plutôt à ce que nous soyons tous agressivement hic et nunc, ici et maintenant, essayant d’arracher chaque dernier plaisir de notre vie en ce monde avant qu’elle ne disparaisse brusquement:
Une bouteille de Chiraz et les lèvres d’une amante, au bord d’un pré – c’est comme des espèces pour moi – et pour vous, un ticket pour le paradis. On a fait le pari que certains vont au paradis et certains en enfer.
Mais qui est allé en enfer? Et qui est revenu du paradis?
43-Bodl I 40 Bodl II notation Christensen Mèn hîtche nèdânèm
La poésie ridiculise certaines croyances religieuses, et se sert des fantasmes de l’astrologie comme d’une cible indirecte envers le fatalisme de la religion établie. Les auteurs se sont peut-être sentis plus en sécurité d’attaquer les horoscopes que de s’en prendre directement au puissant clergé iranien. Les astronomes savent que les corps célestes, loin de dicter le sort des autres, tournent sur des orbites qui rendent leur position future facile à prévoir et ont donc peu de rapport avec la vie d’êtres humains complexes et imprévisibles (tout comme, par exemple, qui aurait jamais pu prédire que les évangélicaux américains choisiraient de soutenir un candidat présidentiel vulgaire, dragueur, clairment terre-à-terre, au visage orange en 2016 et par la suite):
Ne blâmez pas les étoiles pour les vertus ni pour les faiblesses, ni pour la joie et la douleur décrétées par le destin!
Car la science considère que les planètes sont toutes
6 Aux dervicheries, collèges, couvents, empyrées l’Enfer est terreur, le Paradis, joie espérée.
Mais l’homme qui des secrets de Dieu a conaissance jamais n’a pareille graine en son cœur enterrée
Robaï LVI Traduction d’Arthur Guy (1935)
les Robaï d’Omer Kheyam
Etude suivie d’une traduction française
en décalque rythmique avec rimes à la persane.
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mille fois plus impuissantes que nous.
proche de 76-Bodl I? Edjrâme ki sâkinân
Signes du zodiaque: vous donnez quelque chose à chaque crétin.
Vous leur donnez de fantastiques bains, moulins et canaux –
quand les âmes nobles doivent jouer, espérant gagner leur pain nocturne. Qui donnerait un pet pour une telle constellation?
Les guerres et les pandémies choisissent les gagnants et les perdants et – comme nous l’apprenons que trop douloureusement dans le monde de 2020 – les riches sont généralement bien mieux placés pour se protéger des catastrophes que les pauvres. À leur crédit éternel, les Rubáiyát (contrairement à l’administration Trump et aux dirigeants religieux iraniens) a pris le parti de ces derniers, soulignant que le fatalisme religieux et les superstitions comme l’astrologie soutiennent intrinsèquement un statu quo pourri dans lequel les pauvres sont les premiers à être sacrifés, que ce soit aux pandémies ou à autre chose:
À notre époque dangereuse, les gouvernements fondamentalistes de droite comme ceux du Brésil et des États-Unis, ainsi que les fondamentalistes religieux comme en Iran, ont rendu l’épidémie de coronavirus beaucoup plus virulente et dangereuse en encourageant les rassemblements religieux à un moment où la courbe de la pandémie ne pouvait être aplatie que par l’a distanciation physique. Leur volonté d’écarter allègrement la raison et la science d’une foi fataliste et erronée dans une providence surnaturelle qui l’emporte sur la loi naturelle (ou, dans le cas de Donald Trump, une foi fataliste et erronée dans sa propre capacité à outrepasser les lois naturelles, sans parler de providence) est responsable de dizaines de milliers de décès dans le monde. Pensez-y, dans l’âme, comme une version fondamentaliste de génocide.
Les motifs pécuniaires de certains de ces obscurantismes sont clairs, car de nombreuses églises et mosquées dépendent des contributions des fdèles aux services pour la subsistance des imams et des pasteurs. Leur volonté de s’attaquer à la crédulité de leurs partisans dans le but de maintenir leurs revenus devrait être considérée comme le sommet de l’hypocrisie et témoigne de l’importance pour les gens de ne jamais abandonner leur capacité de raisonnement critique indépendant.
Bien que vous ne l’ayez peut-être pas remarqué sur la planète de Donald Trump et d’Ali Khameini, la religion semble être en train de s’effondrer, du moins dans le monde industrialisé. Un tiers des Français déclarent ne pas avoir de religion du tout et seulement 45% se considèrent catholiques (dont peut-être seulement la moitié relativement attachés à la foi), tandis que seulement 5% vont régulièrement à l’église. Une majorité de jeunes dans 12 pays européens affrment qu’ils n’ont plus de religion, ce qui laisse présager un avenir ”laïque ?” (secular) pour une grande partie du continent. Même dans une Amérique particulièrement religieuse, l’auto-identifcation comme chrétienest
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descendue à 65% de la population, en baisse de 12% au cours de la dernière décennie, tandis que 26% de la population se déclare maintenant sans religion.
Dans l’Iran post-pandémique, ne soyez pas surpris si des sentiments similaires se propagent, étant donné la manière dont les dirigeants religieux ont fonctionnellement encouragé la dévastation par la Covid-19. En ce sens, malgré les menaces militaires, les sanctions économiques et tout le reste, l’Amérique de Donald Trump et l’Iran d’Ali Khameini ont vraiment quelque chose en commun. Aux États-Unis, où il est plus facile de mesurer ce qui se passe, les évangélicaux, qui comptaient plus d’un cinquième de la population lorsque George W. Bush a été élu président pour la première fois en 2000, en représentent 16% deux décennies plus tard.
Compte tenu de la nature imprévisible de notre monde (comme l’a clairement montré l’émergence de la Covid-19), rien, y compris la laïcisation, n’est une voie à sens unique. La religion est parfaitement capable de connaître des réveils. Pourtant, il n’y a pas de moyen plus sûr de faire pencher la balance vers un scepticisme de style Omar Khayyam que de voir les chefs religieux éminents de guider leurs fdèles, et tous ceux qui sont en contact avec eux, vers une nouvelle vague de la pandémie.
Juan Cole, un habitué de TomDispatch, est professeur d’histoire (Collegiate Richard P. Mitchell) à l’Université du Michigan. Son nouveau livre Les Rubaiyat d’Omar Khayyam est une nouvelle traduction du persan (IB Tauris). Il est également l’auteur de Muhammad : Prophète de la paix au milieu du choc des empires. Son blog Informed Comment a été primé.
Copyright 2020 Juan Cole © 2020 TomDispatch.com note des cahiers de l’estran à propos de la
J’ai cherché à retrouver les sources des traductions de Juan Cole. J’ai retrouvé une vieille édition, très technique, des Robaï d’Omer Kheyam.
Traduction d’Arthur Guy (1935) E. Malfère, éditeur
les Robaï d’Omer Kheyam
Etude suivie d’une traduction française en décalque rythmique avec rimes à la persane. (ça m’a l’air bien compliqué),
L’introduction, (80 pages érudites et probablement obsolètes) évoque les problèmes quasi-insolubles d’authenticité des Robaï. Christensen (1905) en recense 1213 et en retient 121. Arthur Guy ”avec un peu moins d’exigence, [a] pu en sauver 318”. M. Batson, commentateur de Fitzgerald, en recense plus de 5 000. Arthur Guy cite Ernest Renan, lequel, faisant dans le Journal Asiatique (1868) la recension de l’édition Nicolas (1857), dépeint Kheyâm comme « un mystique en apparence, débauché en réalité, hypocrite consommé, mêlant le blasphème à l’hymne mystique, le rire à l’incrédulité ». Tout le monde peut se tromper…
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Tomgram: Juan Cole, Iran and the U.S., An Irony of Curious Affinity
https://www.tomdispatch.com/post/176703/tomgram:_juan_cole,_iran_and_the_u.s.,_an_irony_of_curious_affinity/
Posted by Juan Cole May 19, 2020.
We are in a strangely viral religious moment. Only recently, a White House in which little, including the deaths of Americans, counts for more than the support of evangelicals rejected initial guidelines prepared by the Centers for Disease Control and Prevention for “re-opening” America. A major reason: because those evangelicals might imagine that the guidelines infringed on their “religious freedom”! Those guidelines encouraged churches to begin making sure that all congregants wear “cloth face coverings when inside the building,” ofer video streaming or drive-in options for services, and consider “suspending use of a choir or musical ensemble.” It also suggested that churches consider “temporarily limiting the sharing of frequently touched objects,” including hymnals, prayer books and collection baskets.
According to the New York Times, several federal agencies reviewed those guidelines and found them “too burdensome for houses of worship.” After all, evangelical ceremonies without choirs? Who could imagine it, given freedom of religion? Forget that one church choir practice in Mount Vernon, Washington, to which 61 singers turned up, “including one who had been fghting cold-like symptoms for a few days,” left 53 of them with Covid-19 and two of them dead from it. And no collection baskets! Yikes, where will the pastor’s salary come from?
Oh wait, in the Republican-sponsored Covid-19 bailout initiative, the Trump administration took care of that. Among helpful hands ofered (especially to big corporations), that bill also helped pay pastors’ salaries and church utility bills. President Trump himself “made sure” that would be part of the legislation, since churches weren’t holding services and getting their usual weekly oferings from parishioners. As Vice President Mike Pence said in a conference call with pastors, “There is a portion of that revenue that just by virtue of people’s habits and practices doesn’t come back.”
Indeed! However questionable the very idea of the U.S. government paying pastors (or have I blanked on where this fts into the separation of church and state?), it’s but one passing strangeness in a world growing ever stranger. As TomDispatch regular Juan Cole points out today, in spirit we now have a fundamentalist White House that has — despite its abandoned nuclear deal, sanctions, drone assassinations, and military threats — something strangely in common with the fundamentalist regime of Iran. Such a unique insight is typical of Cole, whose columns at Informed Comment I read religiously — if I can use such a word in this context — every day (and yes, he posts a new one daily, a miracle in itself). Today, he puts the fundamentalist nature of both the Trump administration and Iran’s present government in the context of that most famous of all Iranian books of poems, The Rubáiyát of Omar Khayyam, of which he’s just produced (as you’ll learn from reading his piece today) a new translation. I’m planning to get my hands on a copy. You should, too. Tom
Fundamentalist Pandemics What Evangelicals Could Learn From The Rubáiyát of Omar Khayyam By Juan Cole
This spring, the novel coronavirus pandemic has raised the issue of the relationship between the blindest kind of religious faith and rational skepticism — this time in two countries that think of themselves as polar opposites and enemies: Supreme Leader Ali Khameini’s Iran and Donald Trump’s America.
On the U.S. side of things, New Orleans pastor Tony Spell, for instance, has twice been arrested for holding church services without a hint of social distancing, despite a ban on such gatherings. His second arrest was for preaching while wearing an ankle monitor and despite the Covid-19 death of at least one of his church members.
The publication in 1859 of Charles Darwin’s famed Origin of the Species, arguing as it did for natural selection (which many American evangelicals still reject), might be considered the origin point for the modern confict between religious beliefs and science, a struggle that has shaped our culture in powerful ways. Unexpectedly, given Iran’s reputation for religious obscurantism, the science-minded in the nineteenth and twentieth century often took heart from a collection of Persian poems, the Rubáiyát, or “quatrains,” attributed to the medieval Iranian astronomer Omar Khayyam, who died in 1131.
Edward FitzGerald’s loose translation of those poems, also published in 1859, put Khayyam on the map as a medieval Muslim free-thinker and became a century-and-a-half-long sensation in the midst of heated debates about the relationship between science and faith in the West. Avowed atheist Clarence Darrow, the famed defense attorney at the 1925 “monkey trial” of a Tennessee educator who broke state law by teaching evolution, was typical in his love of the Rubáiyát. He
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often quoted it in his closing arguments, observing that for Khayyam the “mysticisms of philosophy and religion alike were hollow and bare.”
To be fair, some religious leaders, including Pope Francis and Iraq’s Grand Ayatollah Ali Sistani, have followed the most up-to-date science, as Covid-19 spread globally, by supporting social- distancing measures to deal with the virus. When he still went by the name of Jorge Mario Bergoglio and lived in Buenos Aires, the Pope earned a high school chemical technician’s diploma and actually knows something about science. Indeed, the Catholic Church in Brazil has impressively upheld the World Health Organization’s guidelines for dealing with the Covid-19 pandemic, defying the secular government of far right-wing populist Jair Bolsonaro, that country’s Donald Trump. Brazil’s president has notoriously ignored his nation’s public-health crisis, dismissed the coronavirus as a “little fu,” and tried to exempt churches from state government mandates that they close. The archbishop of the hard-hit city of Manaus in the Amazon region has, in fact, publicly complained that Brazilians are not taking the virus seriously enough as it runs rampant in the country. Church authorities worry about the strain government inaction is putting on Catholic hospitals and clinics, as well as the devastation the disease is wreaking in the region.
Here, we witness not a dispute between religion and science but between varieties of religion. Pope Francis’s Catholicism remains open to science, whereas Bolsonaro, although born a Catholic, became an evangelical and, in 2016, was even baptized as a pastor in the Jordan River. He now plays to the 22% of Brazilians who have adopted conservative Protestantism, as well as to Catholics who are substantially more conservative than the current pope. While some U.S. evangelicals are open to science, a Pew Charitable Trust poll found that they, too, are far more likely than the non-religious to reject the very idea of evolution, not to speak of the fndings of climate science (action on which Pope Francis has supported in a big way).
Death in the Bible Belt
In the U.S., a variety of evangelical religious leaders have failed the test of reasoned public policy in outrageous ways. Pastor Rodney Howard-Browne, railing at “tyrannical government,” refused to close his mega-church in Florida until the local police arrested him in March. He even insisted that church members in those services of 500 or more true believers should continue to shake hands with one another because “we’re raising up revivalists, not pansies.”
As he saw it, his River Tampa Bay Church was the “safest place” around because it was the site of “salvation.” Only in early April did he fnally move his services online and it probably wasn’t to protect the health of his congregation either. His insurance company had cancelled on him after his arrest and his continued defance of local regulations.
Florida Governor Ron DeSantis muddied the waters further in early April by fnally issuing a statewide shelter-in-place order that exempted churches as “essential services.” Then, after only a month, he abruptly reopened the state anyway. DeSantis, who had run a Facebook group dominated by racist comments and had risen on Donald Trump’s coattails, has a sizeable evangelical constituency and, in their actions, he and Pastor Howard-Browne have hardly been alone.
It tells you all you need to know that, by early May, more than 30 evangelical pastors had died of Covid-19 across the Bible Belt.
Two Epicenters of the Pandemic
In the Muslim equivalent of the Bible Belt, the clerical leader of Iran, Ali Khamenei, stopped shaking hands and limited visits to his offce in early February, but he let mass commemorations of the 41st anniversary of the founding of the Islamic Republic go forward unimpeded. Then, on February 24th, he also allowed national parliamentary elections to proceed on hopes of entrenching yet more of his hardline fundamentalist supporters — the equivalent of America’s evangelicals — in Iran’s legislature. Meanwhile, its other religious leaders continued to resist strong Covid-19 mitigation measures until late March, even as the country was besieged by the virus. Deputy Minister of Health Iraj Harirchi caught the spirit of the moment by rejecting social- distancing measures in February while downplaying the seriousness of the outbreak in his country, only to contract Covid-19 himself and die of it.
The virus initially exploded in the holy city of Qom, said to have been settled in the eighth century
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by descendants of the Prophet Muhammad. It’s flled with a myriad of religious seminaries and has a famed shrine to one of those descendants, Fatima Masoumeh. In late February, even after government offcials began to urge that the shrine be closed, its clerical custodians continued to call for pilgrims to visit it. Those pilgrims typically touch the brass latticework around Fatima Masoumeh’s tomb and sometimes kiss it, a classic method for passing on the disease. Its custodians (like those American evangelical pastors) continued to believe that the holiness of the shrine would protect the pilgrims. They may also have been concerned about their loss of income if pilgrims from all over the world stopped showing up.
Despite having a theocratic government in which clerics wield disproportionate power, Iran also has a signifcant and powerful scientifc and engineering establishment that looks at the world differently, even if some of them are also devout Shiite Muslims. In the end, as the virus gripped the country and deaths spiked, the scientists briefy won and the government of President Hassan Rouhani instituted some social-distancing measures for the public, including canceling Friday prayers and closing shrines in March, though — as in Florida — those measures did not last long.
In this way, as the U.S. emerged as the global epicenter of the pandemic, so Iran emerged as its Middle Eastern one. Call it an irony of curious affnity. Superstition was only part of the problem. Foreign Minister Javad Zarif blamed the Trump administration’s sanctions and fnancial blockade of the country for the government’s weak response, since the Iranians had diffculty even paying for much-needed imported medical equipment like ventilators. Indeed, the U.S. government has also had Iran kicked off global banking exchanges and threatened third-party sanctions against any companies doing business with it.
President Trump, however, denied that the U.S. had blockaded medical imports to that country, a statement that was technically true, but false in any other sense. The full range of U.S. sanctions had indeed erected a formidable barrier to Iran’s importation of medical equipment, despite attempts by the European Union (which opposes Trump’s maximum pressure campaign against Iran) to allow companies to sell medical supplies to Tehran.
Still, as with Trump’s policies in the U.S. (including essentially ignoring the virus for months), Iranian government policy must be held signifcantly responsible for the failure to stem the coronavirus tide, which by early May had, according to offcial fgures, resulted in more than 100,000 cases and some 7,000 deaths (numbers which will, in the end, undoubtedly prove signifcant undercounts).
A Rubáiyát World
Whether in America or Iran, fundamentalist religion (or, in the U.S. case, a Trumpian and Republican urge to curry favor with it) often made for dismally bad public policy during the frst wave of Covid-19. Among other things, it encouraged people, whether in religious institutions in both countries or in American anti-shutdown protests, to engage in reckless behavior that endangered not just themselves but others. Ironically, the confict in each country between defant pastors or mullahs and scientists on this issue should bring to mind the culture wars of the early twentieth century and the place of the Iranian poetry of the Rubáiyát of Omar Khayyam in what was then largely a Western debate.
That makes those poems worthy of reconsideration in this perilous moment of ours. As I wrote in the introduction to my new translation of the Rubáiyát:
“The message of the poems… is that life has no obvious meaning and is heartbreakingly short. Death is near and we might not live to exhale the breath we just took in. The afterlife is a fairy tale for children… The only way to get past this existential unfairness is to enjoy life, to love someone, and to get intimate with good wine. On the other hand, there is no reason to be mean-spirited to other people.”
Some of the appeal of this poetry to past millions came from the dim view it took of then (as now) robust religious obscurantism. The irreverent Mark Twain once marveled, “No poem had given me so much pleasure before… It is the only poem that I have ever carried about with me; it has not been from under my hand for 28 years.” Thomas Hardy, the British novelist and champion of Darwin, wove its themes into some of his best-known fction. Robert Frost wrote his famous (and famously bleak) poem “Stopping by the Woods on a Snowy Night” with Khayyam’s quatrains in
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mind. Beat poet Jack Kerouac modeled Sal Paradise, the unconventional protagonist of his novel On the Road, on his idea of what Khayyam might have been like.
Although compilers have always attributed those poems to that great astronomer and mathematician of the Seljuk era, it’s clear that they were actually written by later Iranian fgures who used Khayyam as a “frame author,” perhaps for fear of reaction to the religious skepticism deeply embedded in the poetry (in the same way that the Thousand and One Nights tales composed in Cairo, Aleppo, and Baghdad over centuries were all attributed to Scheherazade). The bulk of those verses frst appeared at the time of the Mongol invasion of Iran in the 1200s, a bloody moment that threw the region into turmoil and paralysis just as Covid-19 has brought our world to an abrupt and chaotic halt.
As if the war’s urban destruction and piles of skulls weren’t enough, historians have argued that the Mongols, who opened up trade routes from Asia into the Middle East, also inadvertently facilitated the westward spread of the Yersina pestis bacillus that would cause the bubonic plague, or the Black Death, a pandemic that would wipe out nearly half of China’s population and a third of Europe’s.
A ffteenth-century scribe in the picturesque Iranian city of Shiraz would, in fact, create the frst anthology of quatrains entitled The Rubáiyát of Omar Khayyam, many composed during Mongol rule and the subsequent pandemic. The dangers of what we would now call religious fundamentalism, as opposed to an enlightened spirituality, were trumpeted throughout those poems:
In monasteries, temples, and retreats they fear hellfre and look for paradise. But those who know the mysteries of God don’t let those seeds be planted in their hearts.
While some turn to theology for comfort during a disaster, those quatrains urged instead that all of us be aggressively here and now, trying to wring every last pleasure out of our worldly life before it abruptly vanishes:
A bottle of Shiraz and the lips of a lover, on the edge of a meadow — are like cash in hand for me — and for you, credit toward paradise. They’ve wagered that some go to heaven, and some to hell. But whoever went to hell? And whoever came back from paradise?
The poetry ridicules some religious beliefs, using the fantasies of astrology as a proxy target for the fatalism of orthodox religion. The authors may have felt safer attacking horoscopes than directly taking on Iran’s powerful clergy. Astronomers know that the heavenly bodies, far from dictating the fate of others, revolve in orbits that make their future position easy to predict and so bear little relationship to the lives of complex and unpredictable human beings (just as, for instance, you could never have predicted that American evangelicals would opt to back a profane, womanizing, distinctly of-this-world orange-faced presidential candidate in 2016 and thereafter):
Don’t blame the stars for virtues or for faults, or for the joy and grief decreed by fate! For science holds the planets all to be A thousand times more helpless than are we.
Wars and pandemics choose winners and losers and — as we’re learning all too grimly in the world of 2020 — the wealthy are generally so much better positioned to protect themselves from catastrophe than the poor. To its eternal credit, the Rubáiyát (unlike both the Trump administration and the Iranian religious leadership) took the side of the latter, pointing out that religious fatalism and superstitions like astrology are inherently supportive of a rotten status quo in which the poor are the frst to be sacrifced, whether to pandemics or anything else:
Signs of the zodiac: You give something to every jackass. You hand them fancy baths, millworks, and canals –w hile noble souls must gamble, in hopes of winning their nightly bread. Who would give a fart for such a constellation?
In our own perilous times, right-wing fundamentalist governments like those in Brazil and the United States, as well as religious fundamentalist ones as in Iran, have made the coronavirus outbreak far more virulent and dangerous by encouraging religious gatherings at a time when the pandemic’s curve could only be fattened by social distancing. Their willingness to blithely set aside reason and science out of a fatalistic and misguided faith in a supernatural providence that overrules natural law (or, in Donald Trump’s case, a fatalistic and misguided faith in his own
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ability to overrule natural laws, not to speak of providence) has been responsible for tens of thousands of deaths around the world. Think of it as, in spirit, a fundamentalist version of genocide.
The pecuniary motives of some of this obscurantism are clear, as many churches and mosques depend on contributions from congregants at services for the livelihood of imams and pastors. Their willingness to prey on the gullibility of their followers in a bid to keep up their income stream should be considered the height of hypocrisy and speaks to the importance of people never surrendering their capacity for independent, critical reasoning.
Though you might not have noticed it on Donald Trump’s and Ali Khameini’s planet, religion seems to be in the process of collapsing, at least in the industrialized world. A third of the French say that they have no religion at all and just 45% consider themselves Catholic (with perhaps only half of those being relatively committed to the faith), while only 5% attend church regularly. A majority of young people in 12 European countries claim that they now have no religion, pointing to a secular future for much of the continent. Even in peculiarly religious America, self- identifcation as Christian has plunged to 65% of the population, down 12% in the past decade, while 26% of the population now disavows having a religion at all.
In post-pandemic Iran, don’t be surprised if similar feelings spread, given how the religious leadership functionally encouraged the devastation of Covid-19. In this way, despite military threats, economic sanctions, and everything else, Donald Trump’s America and Ali Khameini’s Iran truly have something in common. In the U.S., where it’s easier to measure what’s happening, evangelicals, more than a ffth of the population when George W. Bush was frst elected president in 2000, are 16% of it two decades later.
Given the unpredictable nature of our world (as the emergence of Covid-19 has made all too clear), nothing, secularization included, is a one-way street. Religion is perfectly capable of experiencing revivals. Still, there is no surer way to tip the balance toward an Omar Khayyam-style skepticism than for prominent religious leaders to guide their faithful, and all those in contact with them, into a new wave of the pandemic.
Juan Cole, a TomDispatch regular, is the Richard P. Mitchell collegiate professor of history at the University of Michigan. His new book is The Rubaiyat of Omar Khayyam: A New Translation From the Persian (IB Tauris). He is also the author of Muhammad: Prophet of Peace Amid the Clash of Empires. His award-winning blog is Informed Comment.
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